L'Elbrouz, plus haut sommet du continent Europe
Mai 1993
Seconde étape, plus proche, avec le "Toit de l'Europe", le Mont Elbrouz, 5642 mètres d'altitude, en Russie, dominant l'immense chaîne du Caucase entourée par la Mer Noire, distante de 100 kilomètres et la Mer Caspienne, située à 400 kilomètres, que l'on peut, si le temps très clair est là, apercevoir. Ce massif du Caucase fait aussi office de frontière entre l' Europe et l' Asie.
L'Elbrouz est un ancien volcan dont les dernières éruptions remontent au début de notre ère. Il est contitué de deux sommets principaux, le sommet occidental en est le point culminant à 5642 mètres, le sommet oriental atteignant lui, l'altitude de 5621 mètres. Entre les deux, on trouve le col Sedlowina situé à 5416 mètres d'altitude. Le sommet de l'Elbrouz est recouvert par de multiples glaciers, son ascension est relativement facile techniquement (elle peut se faire en skis de randonnée ou selon les conditions météo, en crampons et l'aide de piolets), mais peut vite s'avérer très délicate en raison de conditions climatiques difficiles et changeantes rapidemment. La première fois que l'Elbrouz fut atteint remonte à 1829 en ce qui concerne le sommet oriental, et en 1874 pour le sommet occidental. Les neiges de cette montagne couvrent une superficie de 138 km², et permettent ainsi d'alimenter vingt-deux glaciers principaux et soixante-dix-sept glaciers secondaires. Certains d'entre eux ont une épaisseur de 400 mètres, mais ont perdu entre 80 à 500 mètres de longeur depuis les premières études réalisées au début des années 1930.
La faune et la flore locale sont protégées par un Parc National créé en 1986, indispensable à leur maintien, eu égard à la fréquentation de ce massif. Le Parc de Prielbrusye, d'une superficie de 1004 km², est divisé en trois zones à réglementation progressive, et se trouve autour du bassin de la rivière Baksan; 15% de cette superficie est constituée de glaciers.
Après avoir transité par l' aéroport de Moscou, nous empruntons un vol intérieur pour rejoindre la ville de Mineralnyje Vody. De là, nous allons rejoindre le village de Terskol qui sera notre point de départ pour l'Elbrouz.
Deux journées d' acclimatation sont nécessaires à partir du refuge Priyut 11, à 4157 mètres d' altitude (reconstruit en 2001 à une altitude de 4690 mètres, suite à un incendie accidentel survenu le 16 Août 1998), avant de se lancer à l' assaut de l'Elbrouz. Cette première approche jusqu'au refuge se fait en skis de randonnée. Le lendemain, seconde phase d'acclimatation avec une montée jusqu'aux rochers Pastukhova, environ 2 heures de montée. Nous rentrons ensuite au refuge en vue des derniers préparatifs de l'ascension prévue le lendemain.
Le départ du refuge à lieu vers 3 heures du matin. Nous progressons alors sur les pentes enneigées avec piolets et crampons. Comme bien souvent sur ce sommet, les conditions météo se détériorent assez rapidemment. Bientôt le brouillard nous cerne, la mince trace de l'itinéraire disparait alors subitemment. Nous marquons alors un temps d'arrêt, que faire ? Poursuivre dans ces conditions difficiles ou bien renoncer au sommet pourtant si proche ?... Nous sortons nos équipements (altimètres, boussoles, et une vague carte du massif) pour faire le point de la situation. Enfin, après discussion, nous décidons de poursuivre notre ascension. Le vent forcit, les rafales deviennent violentes, le brouillard continue d'envelopper ce sommet dans un écrin de ouate. Mais nous tenons bon, le sommet est là, quelque part à portée de crampons....
Et soudain, plus moyen de progresser plus haut. Nous y sommes, le point culminant de l' Europe est atteint. Tout cela dans la tempête, à tel point que je ne ferais que très peu d'images de cette ascension, les conditions ne s' y prêtant pas vraiment. Je déploie tout de même la banderole de mon sponsor et la tiens fermement, tandis qu'elle claque au vent. Voilà la deuxième étape de mon challenge atteinte. Désormais, il faut penser à redescendre de l'Elbrouz, une descente interminable, 7 heures d'efforts avant d'atteindre la chaleur du refuge où nous arrivons fourbus vers 18 heures.
15 heures de progression aller-retour sur cette seule journée....Mais un sommet de plus. En attendant un nouveau départ, une nouvelle aventure en altitude pour pousuivre le Tour du Monde des 7 Sommets.